
Tsi wono zindji
DE SALIM ALI AMIR [Ankili]
Douze albums en trente années de carrière, onze titres sur dernier opus. Onze morceaux qui résonnent un peu comme pour un oracle, s’annonçant à rebours. Un peu comme s’il fallait sonner le rappel au douzième coup. Le titre de l’opus en dit long : « tsi wono zindji ». Salim Ali Amir appelle à la vigilance de chacun face à ceux qui s’affichent toujours avec la mémoire courte. L’artiste continue à brocarder les puissants, les aveugles et leur suite.
« J’ai vécu tellement de choses » tonne-t-il, au point qu’on se demande à un moment si on n’est pas en train de retrouver en son chant les rêves du petit lutin qu’il était, hier encore. On pense au temps, en effet, où il faisait tourner sa flûte en pvc sur elle-même pour les amateurs éclairés de kaswa-ide à Badjanani Place. Il en est qui se souviennent de ces débuts fulgurants, mais beaucoup ne retiennent parfois que les épisodes de l’homme qui a révolutionné la pop comorienne de ces 40 dernières années. Salim Ali Amir poursuit son chemin de crooner des îles avec son fameux groove rythmé au son de la terre. Où l’on parle du tambour des nuits de twarab et de la solitude du poète au souffle apaisé…
Salim Ali Amir – en vieux sage promis à la postérité – confiait au journal Al-Watwan à la sortie du présent album : « J’en ai dit beaucoup, certes, mais pas tout. Il y a tant de choses que j’ai laissé passer. La liberté d’expression a ses limites dans notre pays. Il y a des choses que les artistes et les journalistes, notamment, n’ont pas la liberté de dire, sous peine d’être écrasés ». Ce qui ne l’empêche pas de remuer des vérités qui plombent en ce dernier album. Salim est de ceux qui chantent pour éveiller les consciences. Un pas de deux, de trois ou de quatre : sa musique en appelle au changement, sans arrêt.
Le clip Watsha waseme.
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